Ce blog reste définitivement l'endroit où je m'épanche quand je vais mal...
Et je vais mal... Et je le cache parce que ma douleur est moche. Ma douleur a le goût amer de la nostalgie, de la frustration et du dégoût de moi-même.
Je savais que j'avais regrossi depuis l'accouchement. Je le savais. J'avais commencé à faire attention à ce que j'avalais il y a deux mois, tout en ne voulant pas me restreindre réellement. Exit le Nutella. Exit les Kinder. Exit les chips. Bonjour les légumes, les fruits, les plats basse calorie... Oui mais... Ça ne suffit pas. Et ce soir, j'ai voulu me peser pour voir. Et BAM ! Claque dans ta gueule, grosse baleine ! Le nombre me cueille en plein coeur. Crochet dans l'estomac. J'ai la nausée.
Un 9. Il y a un PUTAIN DE BORDEL DE MERDE de 9 en dizaine dans ce nombre. J'ai envie de pleurer, mais ça ne vient même pas. Je me sens lasse, fatiguée, dégoutée. La voix de cette salope de wii m'annonce "Oulalala ! C'est trop élevé ! " . Ta gueule, sale pute. Je le sais déjà. L'aiguille se fixe dans la zone rouge de l'obésité. J'ai mal.
J'ai mal au coeur. J'ai mal à l'estomac. J'ai mal à cette graisse qui m'enrobe tel un cocon pas tellement douillet.
93,5kg.
93,5kg.
93,5kg.
93,5kg.
93,5kg.
93,5kg.
Ça tourne dans ma tête et ça envahit l'espace. Je regarde ma bouteille de coca d'un autre oeil. Elle finira au fond de l'évier et j'en profiterai pour attraper une bouteille d'eau.
93,5kg.
Je n'oserais même pas le dire en vrai si on me le demandait.
93,5kg.
J'avais jamais été si haut, bordel.
93,5kg.
Je suis un monstre.
93,5kg.
Je me dégoûte.
93,5kg.
Mes yeux me font mal de sécheresse et je pleure de l'intérieur.
93,5kg.
Pauvre conne... Tu voulais voir la vérité en face, ben maintenant tu l'as vue. T'es contente de toi ?
Les pensées qui trottaient dans ma tête ces derniers temps en profitent pour prendre toute la place. La ritournelle des goulées d'eau qui s'enchaînent, le refrain des griffures sur le bras, la rengaine du "Je n'ai pas faim." , la scie du contrôle qui ne contrôle rien.
Elles sont toutes là. Mes amies. Mes ennemies. Mes soeurs. Mes confidentes. Pensées nuisibles qui m'achèveront un jour quand je n'aurai plus le courage de les voir revenir. Quand je n'aurai plus le courage de les écouter.
93,5kg.
Ce corps, ce n'est pas moi. Non ce n'est pas moi. Moi je suis une foutue bombasse, vulgaire, violente et tendre. Je suis juste bien cachée. Je ne sortirai probablement plus jamais. La chair a vieilli, elle ne supportera pas mes nouvelles tentatives désespérées pour sortir de ce corps. Pour le façonner, le malmener à merci.
93,5kg.
Je souffre en soufflant mon dégoût en volutes de fumée grise.
93,5kg.
Les beaux jours de ce blog reviennent.
Ou pas.