Ca ne va pas. Je déteste commencer comme ça mais je ne vois pas comment le dire autrement.
Je me sens complètement "en dehors de moi" les trois quarts du temps. Je n'arrive plus à écrire, en tous cas plus de façon à peu près régulière. Je ne peux donc même plus "exorciser".
C'est épuisant de tout garder en dedans.
Même les réseaux sociaux qui m'ont longtemps supportée -dans tous les sens du terme- ne me sont plus d'un grand secours. Je m'y sens de moins en moins à l'aise au fil des jours. Ma paranoïa* m'y poursuit. Je passe de longues heures à m'inquiéter de ce que l'on y a dit ou pensé de moi. Je suis obsédée par l'idée que des gens que j'apprécie me détestent... Et j'en ai honte, tellement honte. Je me sens complètement minable de ne pas pouvoir me détacher de cette idée que je me fais du regard des autres.
J'ai l'impression d'être complètement stupide. Autant à cause de cette pression maladive que je me créé qu'à cause de ma peine à trouver mes mots, de ma maladresse souvent consternante quand je tente de m'exprimer, de cette difficulté que j'ai à aligner un discours de façon cohérente. Je me sens complètement diminuée, amoindrie, appauvrie... J'ai de plus en plus de mal à lire, à comprendre ce que je lis. Ma mémoire déjà bordélique me parait encore plus fuyante. Et j'ai honte pour ça aussi. Honte d'être idiote et amnésique la plupart du temps.
Je ne sais pas à quoi c'est dû. Je ne sais pas si je suis malade physiquement, je ne sais pas si je suis malade mentalement, je ne sais pas si c'est juste un effet de la fatigue, je ne sais juste pas... J'aimerais avoir un nom, quelque chose, un diagnostic à poser sur cette impression que ma raison et mon esprit s'effilochent de plus en plus.
C'est ausi pour cette raison que je n'écris presque plus d'ailleurs, parce que je n'arrive plus à terminer ce que j'écris, je n'arrive plus à suivre un fil conducteur, je me sens vide avant d'avoir fini alors j'arrête et laisse tout en plan. Mon blog regorge de brouillons laissés à l'abandon, tant sur ordi que sur papier. Et ça me frustre incroyablement. Alors pour échapper à la frustration, j'essaie de ne plus essayer. Parce que chaque arrêt au milieu d'une phrase sonne comme un échec dans mon ventre. Ca me rend complètement malade.
J'ai déjà passé de nombreuses heures réparties sur 3 jours à tenter d'aligner tout ça sur un cahier et je ne sais même pas si c'est cohérent, je suis trop effrayée pour relire.**
Bref. Cet article se voulait à la base une sorte d'état des lieux. A ce que j'ai déjà listé s'ajoute une alternance de journées à moins de 500 calories et de journées gouvernées par les hyperphagies prandiales. Du moins je crois. J'avoue avoir l'impression que c'est à nouveau de plus en plus difficile pour moi de me rendre réellement compte de ce qui est "trop" ou "pas assez". J'en viens à nommer et à penser "hyperphagie" chaque écart à mes journées restrictives qui me file mal au ventre. Autrement dit chaque repas constitué d'au moins un vrai plat. Et c'est en l'écrivant que je m'en rends enfin compte, en fait : je ne sais même plus. Mes notions des mesures sont complètement distordues.
Je crois que j'ai maigri, mais je ne sais pas trop non plus. Je me sens encore si énorme, j'ai plutôt l'impression d'avoir repris. Même si mes mensurations disent que non. A tel point qu'après une résistance d'un an et demi j'ai cédé, j'ai ressorti la balance. Sauf que même ça, ça ne m'aide pas. Ce nombre bien évidemment trop élevé à mon goût est sorti de tout contexte. Oui c'est moins qu'il y a 1 an et demi, mais est-ce que la balance est juste ? Je n'arrive pas à savoir si elle est calibrée correctement ni à savoir comment je pourrais la calibrer et ça tourne en rond dans ma tête depuis que je me suis pesée. Et est-ce que j'étais plus bas que ça ou plus haut que ça il y a un mois, une semaine, deux jours, deux heures ? Ce nombre me perturbe encore plus que les 18 mois passés à résister à la tentation de la pesée. Ce nombre ne trouve même pas de sens, de cohérence dans la folie de mon crâne. De toutes façons c'est toujours trop.
Qu'ajouter à ça à part que j'ai un mal fou à me lever le matin, que je m'endors parfois à moitié en faisant autre chose, que la moindre petite action quotidienne me demande une énergie furieuse que j'ai de plus en plus de mal à puiser je ne sais où, et que je me sens apathique et sans émotion la plupart du temps, jusqu'à ce que l'angoisse vienne me rappeler que j'éprouve toujours bien quelque chose...
Je crois qu'on a fait le tour pour un bilan. Je pose juste ici avant de partir que j'ai rendez-vous avec un psychiatre mercredi de la semaine prochaine et que ça m'angoisse énormément. Et que dans une semaine et demi je serai seule avec mon enfant pendant un mois et que ça m'angoisse encore plus. Je ne me sens juste pas la force et je suis complètement désemparée. Je suis paralysée de peur. Je crois que c'est tout pour le moment, j'ai finalement réussi à l'écrire au moins.
*Je ne vois pas comment appeler ça autrement même si je ne suis très probablement pas atteinte de cette psychose au sens propre et clinique du terme.
** J'ai finalement relu. Plusieurs fois. Pour réussir à obtenir une cohérence et un truc digeste.