Week-end...
Premières neiges. Un froid persistant. Un froid pénétrant.
Fumer une clope. Bien à l'abri sous le grand sapin.
Fumer une clope. Adossée au tronc, fort, noueux, chaud, vivant.
Regarder les flocons tourbilloner. Regarder ce froid et ce blanc. Regarder le vert qui subsite, éclatant. Fermer les yeux. Chanter un peu.
Ouvrir les yeux, grands, grands, toujours plus grands, pour avaler ce paysage. Pour avaler le temps. Pour avaler l'intensité et l'immensité.
J'aime l'automne. J'aime l'hiver. Ces instants éphémères, en dehors du temps. A l'abri du reste. Le monde n'existe plus quand on est sous un grand sapin, sur la couche d'aiguilles et de mousse, et qu'on regarde la neige tomber, et le froid s'épaissir. Le monde n'existe plus quand on regarde en l'air et qu'on ne voit plus que des branches, des branches à l'infini, sombres, vertes, presques noires. Le monde n'existe plus quand on reporte son regard sur le blanc qui s'étale, sur la neige qui envahit, qui envahit tout, l'espace, le sol, le ciel, les murs, les bosquets, l'air... Ce n 'est plus de l'oxygène que j'inspire, mais de la neige. De la neige pure. Des odeurs de sève, de sapin, de chaud et de froid mélangé. Un instant d'éternité, volé, au cours d'une journée. Penser. Un peu, pas trop. Oublier aussi. Un instant de plaisir. Enfler ses poumons. Respirer. Un instant éphémère et éternel.